mardi 4 mars 2008

Areoporophobie

Si ca existe, il y a au moins un cas dans le monde, donc ca existe forcement.

Oui, c'est important de mettre des mots sur des maux et d'y faire face, aux maux, meme si ca n'est pas gai. (notez comme, malgre l'age, l'esprit est encore vif et le poil brillant).
Donc voila, je m'appelle Luc et j'ai la phobie des areoports. Encore que je ne suis pas sur que le terme phobie s'applique bien dans ce cas. Disons qu'il est a present etabli qu'il existe entre les aeroports et moi une espece de repulsion reciproque que nous eprouvons l'un envers l'autre et vice et versa... et qu'ils me le rendent bien.

Mon aventure du jour concerne mon voyage debutant aujourd'hui, finissant, dans l'ideal mais un pressentiment me fait croire autre chose, demain. A l'origine, tout devait bien se passer. Pas un vol le matin a pas d'heure avec le risque de ne pas se reveiller par exemple. J'avais meme prevu de travailler de chez moi pour me diriger tranquilement vers l'aeroport en milieu d'apres midi. Bon, rate, il fallait que j'aille aux headquarters, au QG comme on l'appelle (vous savez les bureaux accoles a l'usine dans la lointaine campagne montrealaise).Mais qu'important, je partirai bien a l'heure pour arriver tranquilement, d'autant qu'aussi tot dans l'apres midi, il n'y aura pas de traffic.Bon, rate, je suis coince au bureau sur un dossier urgent. Heureusement on me confirme avec assurance que pour un vol vers les Etats Unis, pas besoin d'etre sur place plus de 30 min avant. Soyons prudents, comptons etre la bas 1h avant.Bon, 2h avant le vol, je suis dans ma voiture en route sur l'autoroute, tout devrait aller. Rate, il y a du traffic, ca ne roule pas.

Diable, que font tous ces gens a rentrer chez eux a 4h de l'apres midi !?! Ce ne sont pourtant pas des fonctionnaires francais aux 35h ! (sans aucune attaque sur le magnifique travail qu'accomplissent diligesement ces merveilleux agents du service public et autres corps de l'etat bien sur)

Soit, ca roule un peu quand meme, soeur Anne (ou son frere plutot) voit venir au loin la premiere etape de notre periple. Periple, que dis-je, notre saga, notre epopee, notre odyssee ! (marrant comme avec moi la moindre petite sortie hors de mon appartement prend un caractere epique...)

Tel Ulysse, je jaillis dans le hall dans mon costume (sur mon 31 donc)(oui Ulysse 31 si vous n'avez pas encore saisi) et me dirige vers les bornes d'enregistrement. Et me voit la bien nono lorsque celle-ci se refuse a moi.

Bon je sens la necessite d'une petite explication de texte sur cette metaphore filee (ou quelque soit le nom de cette figure de style). Car, vous l'aurez compris nono, le petit robot. Siiiii "nanannana et telemaque son fils. Et oui c'est moi Nono, chui le robot machin truc nanannnanaan". Je chante faux mais vous aurez reconnu. Mais aussi, dans le cadre de notre encyclopedie du dialecte quebecois et autres perversions linguistiques, vous aurez pespicacement identifie que Nono est ici un terme quebecois pouvant s'assimiler a beta, benet, voir, par deformation neuneu. Et la boucle est bouclee, l'effet de style vous renverse et vous avez le sourire aux levres et riez niaisement d'avoir compris le petit mot d'humour que j'ai glisse dans ce recit au combien long et rebarbatif : vous etes vous aussi nono (nonos ?).

Bref. Le linguiste averti notera cependant que non s'applique plus facilement dans le second cas que dans le premier en considerant le contexte dans son ensemble, mais les linguistes n'ont jamais fait de grands humoristes, c'est bien connu.
Je suis sur que vous etes encore plus perdus que moi.La machine restant hermetique a ma force de persuasion, me voici en ligne pour le guichet avec de vrais humains, le genre d'interraction qui date du siecle dernier ou celui d'avant (si on omet de considerer que le siecle dernier c'etait a peine il y a 8 ans et que celui d'avant comptait somme toute assez peu d'aeroports internationaux).

La queue, elle, ne datait pas du siecle dernier mais probablement de quelques temps deja a en juger l'apparence des personnes qui me devancaient, la bave au levres, les trais tendus et les yeux fatigues d'avoir trop vecu, d'un air de vous dire "ca fait longtemps que j'attends et pas qu'un peu pantoute". Enfin, c'est ce que je devinais alors je patientais patiemment, resigne et arme de patience que la file avance. C'est long une queue qui n'avance pas quand vous avez envie qu'elle avance et qu'en fait non elle n'avance pas. Et fatalement, lorsque me voici rendu au comptoir, le charmant employe qui m'a immediatement paru antipathique au plus haut point, m'annonce que, ah ben non, ca va pas etre possible. Mais pourquoi donc, brave homme, lui retorquais-je de mon meilleur accent dans la langue Shakespeare (Huh ? What the f?). Et oui monsieur, l'enregistrement est ferme, il faut arriver 1 heure a l'avance.
Et la, vous le voyez venir gros comme un lapin avec de petites oreilles blanches dont une repliee qui lui donne un air irresistible quand il grignotte une carrote. Mais un gros lapin cependant. Un tres gros en fait.
Bon, pour que vous compreniez mieux a quel point le lapin est gros, il faut vous resituer un peu plus le contexte de mon voyage. En fait, je suis en route pour nos bureaux aux Etats Unis, pour faire la connaissance de visu d'un certain nombre de personnes qui s'occupent de la relation client. Je devais deja m'y rendre en decembre, mais malheureusement a l'epoque, le climat s'etait entendu avec mon patron pour que tout m'oblige a annuler 2 jours avant.

Autant dire aussi que je serais ridicule de devoir annuler la veille 5 ou 6 reunions parce que je suis arrive 15 minutes trop tard a l'aeroport.
Je crois que je vais eviter de vous detailler le deroulement laborieux entre le guichet d'enregistrement de Air Canada -qui operait le vol pour le compte de United- qui me renvoit vers le guichet d'achat tandis que demandant conseil a l'assistante de mon bureau je refais la queue du guichet d'enregistrement pour qu'on me mette sur un autre vol alors que je suis en meme temps en ligne avec le "travel arranger oh yay". Je ne manquerai pas de vous mentionner que, desempare dans un monde que je ne comprend pas et qui ne me comprend pas, c'est le moment que le big boss choisit pour m'appeler pour discuter du big project a des millions de dollars. Oui, la million dollar question existe. I failed.

Bref, j'ai pas tout compris mais je crois que j'aurais le droit de ressortir mon pc ce soir en arrivant a l'hotel.
Tout cela pour en arriver a l'issue de mon recit. J'ai finalement pu enregistrer pour un vol d'ici une dizaine de minutes en direction de New York La guardia. Je vous preciserai, car vous etes friants du moindre detail de mon aventure je le vois bien, qu'evidemment La guardia est de l'autre cote de New York par rapport a ma destination finale et que j'aurais encore 2h de route jusqu'a mon hotel. Ca, si je ne me perds pas bien sur.

Si vous ne voyez pas cet article sur le blog demain matin, please call 911.Merci. More on this in tomorrow's edition at 6, good night


Aftertought : Il faudrait qu'un jour j'attende le dernier moment de l'embarquement, juste pour voir s'ils sont capables de massacrer correctement mon nom lors du dernier appel...

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Un récit passionnant, comme d'habitude ;o) J'avoue n'avoir jamais été confronté à la jungle aéroportuaire jusqu'à ce jour, mais voilà qui ne m'incite pas à franchir le pas...

Luc a dit…

mais la ou ca devient vraiment fort c'est que vous avez eu un long récit pour ce qui ne s'est avéré qu'une fraction du voyage... terrible. Je ne sais pas si je vous ferai la version complète mais épique est le mot qui convient

Anonyme a dit…

trop fort ! surtout le ulysse 31 et le coup du dernier appel à la fin , j'imagine et ça me fait bien rire.
Moi aussi un jour je suis tombée sur la machine d'enregistremement qui marchait pas et j'ai fait la queue ensuite pour rien puisque l'hotesse "nono" m'a dit "nan trop tard désolée je peux vous mettre sur un vol départ orly dans 1h30", j'étais à roissy à 7h du mat', traverser paris à cette heure = mission impossible, bref j'ai tout foiré ce jour là et je suis pas prête de l'oublier !

Anonyme a dit…

nous c pas mieux et tout aussi epique,nous aussi on est des heros des voyages: c'etait pour le depart pour l'Australie, à Bâle: si on ne connait pas la difference entre family name, christen, given et fisrt, alors on peut rater facilement le depart vu que le ticket n'est pas valable et il faut refaire le billet Bâle-Brisbane entierement et en perdant les reservations des sieges car n'oubliez pas qu'il y a 24 heures d'avion et il faut pouvoir detendre ses jambes. La pure survie avec des "neuneus".